Ava Magassa : La robe et l’orphelin

Article paru dans « Jeudi Tout » n°9 (19/07/2012); rubrique « On en parlera demain », écrit par Gwenaëlle Guerlavais

« J’aime porter la robe ! », dit-elle. Pas celle d’été à petites bretelles, mais celle d’avocate depuis deux ans. Mais après l’avoir rencontrée, on se demande si Ava Magassa ne porte pas plutôt… la culotte, au vu de son tempérament de feu. Fin juin, elle plaidait « avec les tripes » pour la toute première fois aux assises.



Elle a un bureau de ministre, avec hauts plafonds, moulures et dorures. À la belle époque, dans cet hôtel particulier de la rue de l’Argenterie, seyaient deux ténors du barreau montpelliérain et du droit pénal, Mes Ferran, Martin et Nougaret.
Quand en 2010, Ava Magassa a pu y apposer sa « plaque », elle en était tout « heureuse ». À l’origine, elle se serait bien vue assistante sociale. Finalement, la jeune métisse défend bien « la veuve et l’orphelin ». Mais autrement, de sa vie privée, on ne connaîtra que des bribes : des origines marocaine et malienne, un prénom qui veut dire « ange », une famille de sept enfants dont elle est la petite dernière, des petits boulots pour financer ses études de droit, une passion pour le voyage et la patrie de Michel Ange – « dans une vie antérieure, dit-elle, je devais être Italienne » – et un tempérament de passionnée. Surtout, elle fait partie de la génération des bosseuses acharnées. « Au début, quand on s’installe, on ne refuse rien », confie-t-elle.


Ava Magassa est donc une « généraliste » du droit, sauf le fiscal – « je déteste » – et, pour les divorces, elle défend sans réelle satisfaction – « personne n’en sort jamais gagnant ». Sa préférence va au droit du travail, très « technique » et « mathématique ». « La loi, c’est la loi. »
En ce moment, elle plaide beaucoup de licenciements abusifs au Conseil des prud’hommes, mais aussi du harcèlement moral, dont elle a réussi à faire condamner un cas en février dernier sur une jeune apprentie. « C’est une sacrée victoire, insiste l’avocate. Je me suis battue, on y a bossé des week-ends entiers. »


Mais le plus passionnant reste, selon elle, le droit pénal pour l’art de la plaidoirie, l’enquête à reprendre, la recherche de solutions juridiques et surtout l’enjeu humain : la liberté ou la prison. Son premier dossier médiatisé – bien malgré elle – fut l’affaire du militant de la Ligue du Midi (ultradroite), candidat aux dernières élections cantonales à Montpellier, mis en examen pour incitation à la haine raciale, avec salut hitlérien, dans une fête de village. Un hasard : ce jour-là, elle était de permanence…

Fin juin, pour la toute première fois, elle est entrée dans la cour des grands, les assises, pour une affaire douloureuse de frère incestueux. « Ce fut un tourbillon d’émotions » et de stress. Elle a plaidé les faits et la personnalité, de sa voix rauque si expressive qui contraste tant avec sa silhouette fluette. Un galop d’essai réussi. Verdict : 5 ans alors que 20 étaient encourus.
G. G.

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